1967, La flamme Olympique est à Lyon

Le relais de la flamme olympique est une invention des Jeux Olympiques de Berlin 1936. Allumée à Olympie, grâce aux rayons du soleil, elle est ensuite portée par des relayeurs jusque dans le stade pour embraser la vasque lors de la cérémonie d’ouverture. Moment fort avant les Jeux Olympiques, elle est le symbole le plus populaire de l’olympisme car elle s’invite directement dans les villes, aux pieds des habitations et sur les places publiques. La flamme va à la rencontre des populations.

Avec les Jeux Olympiques d’Hiver de Grenoble en 1968, un nouveau relais est organisé. Mais le coup d’Etat survenu en Grèce le 13 décembre 1967 risque de compromettre les cérémonies d’allumage de la flamme à Olympie, prévues quelques jours plus tard. La délégation française retarde son arrivée en Grèce d’une journée pour finalement rejoindre Athènes le jeudi 14 décembre 1967. Le samedi
16 décembre, la flamme est finalement allumée pour la prêtresse Maria Moskoliou à Olympie. Après quelques cérémonies symboliques au mont Olympe et à Athènes, le flambeau quitte la Grèce, le mardi 19 décembre à 12 h 30, à bord d’un Boeing 707 d’Air France, direction Paris.

Conçu comme le populaire Tour de France, le trajet de la flamme olympique des Jeux de Grenoble comporte 50 étapes, traverse 41 départements et 170 villes. Au total, 5.000 relayeurs escortés par une caravane officielle de 25 personnes et 12 véhicules accomplissent 7.300 km à travers la France. Avec ce relais médiatique, les organisateurs souhaitent donner une image originale, sportive et moderne de la France. C’est pourquoi, le flambeau voyage à travers villes et paysages de carte postale, à pied, à dos de cheval, en bateau, en voiture, en hélicoptère, en ski... Scolaires et adultes, en costume ou en pyjama, à l’aube ou à n’importe quel moment de la journée, sous la neige ou le soleil, bref une France bigarrée se prépare à recevoir les Jeux, sous les nombreux clichés des journalistes et les caméras de télévision.
Le succès est immense car près de 2 millions de personnes sont venues sur les bords des routes applaudir le symbole olympique, avant qu’il ne rejoigne la cité de Grenoble, le mardi 6 février 1968, pour la cérémonie d’ouverture présidée par le Général de Gaulle. Le patineur Alain Calmat a l’honneur de gravir le gigantesque escalier métallique, au son des battements de son cœur amplifié par un micro, pour embraser la vasque des Xe Jeux Olympiques d’Hiver. Pour la première fois, les téléspectateurs du monde entier vivent l’événement en couleur.

Avant l’apothéose de la cérémonie d’ouverture, la flamme olympique fait logiquement étape à Lyon, ville malheureuse en raison de l’échec de sa candidature à l’organisation des Jeux Olympiques d’Eté de 1968 (voir article). Le 29 décembre 1967, les Lyonnais sont tout de même au rendez-vous pour accueillir la flamme entre Rhône et Saône. Ce jour là, à 21 h 30, Tony Bertrand, l’adjoint aux Sports de la Ville de Lyon, réceptionne le flambeau à Caluire, des mains de son Maire, le docteur Dugoujon, pour le transmettre au champion de lutte Daniel Robin.

Le relais lyonnais débute et, de mains en mains, le flambeau se rapproche du coeur de la ville, en passant par les quais du Rhône, la rue de la République et la place Bellecour. Sous les yeux de Louis XIV, la flamme se multiplie en trois, avec un relais en direction de la piste de ski de la Sarra, un autre en direction de la patinoire Charlemagne, et le dernier vers le Palais des Sports de Gerland. A 23 h, les trois flambeaux convergent place des Terreaux, pour une entrée magistrale à l’Hôtel de Ville. Dans l’atrium, décoré par les pavillons des 38 nations participantes aux Jeux, les relayeurs embrasent une vasque. Le feu olympique veillera toute la nuit. Le lendemain matin, les Lyonnais se rendent en masse dans l’atrium pour apercevoir la flamme, avant qu’elle ne reprenne son périple à 14 h : descente des marches de l’Hôtel de Ville en direction de la place des Terreaux, puis sur la Saône. Transportée sur plusieurs centaines de mètres par une flotille de flotteurs et de jouteurs, elle est ensuite confiée au champion Jean-Marie Muller pour quelques mètres en ski nautique. Le tour de France continue par Oullins, Brignais, le Massif Central…

Sylvain BOUCHET
Historien de l'Olympisme
Commissaire de l'exposition LYON et L'OLYMPISME
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